• À vos plumes !

  •  ET SI J'OSAIS PARTiE 1

     

     

     PARTIE 1

     

    1.

       En face de moi, sur le canapé, je vois ce gringalet, au visage trop lisse, accroché à son bras comme une sangsue. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai très envie de le passer par la fenêtre pour voir si ce poid plume est capable de voler… Pour éviter d’être assailli par la flopée d’idées de meurtre qui me vient, j’essaie de me concentrer sur ce que Dew est en train de me dire.

     

          - Tu te rappelles, on s’était toujours dit qu’on arrêterait, si l’un de nous trouvait le bon ?

     

       Je dois donc supposer que cette créature décharnée est le bon pour lui. Le meilleur plan cul que je me suis fait, et le meilleur du campus, soit dit en passant, est en train de me filer entre les doigts. Je suis remplacé et donc remplaçable… et quand je vois par quoi. Ce n’est pas que mon ego en prend un coup mais quand même.

     

       J'acquiesce d’un mouvement de tête en essayant de garder l’air le plus digne possible alors que l’autre m'envoie un petit sourire entendu du vainqueur. Et s'il volait, il pourrait atteindre quelle distance ?

     

       Et le voilà qui se jette à son cou en minaudant et l’embrassant jusqu'à lui nettoyer la glotte. Comme affirmation de propriété, j’avais déjà vu plus élégant. Il est temps que je m’éclipse. Je me lève et quitte l’appartement avant de leur vomir dessus. 

    Un dernier regard en arrière, ils n’ont même pas remarqué que je partais. 

    Une fois atteint le couloir, je m'adosse au mur pour reprendre mon souffle. Un peu plus de cette mièvrerie et je restais sur le carreau.

     

        Je descends les marches comme un automate. Je dois quand même avouer que je suis sonné. Ça faisait presque un an que ma relation cul avec Dew durait et je m’étais habitué à cette forme de confort. Les règles étaient simples et on y avait toujours trouvé notre compte, tous les deux. 

       Quand l’un avait envie, l’autre essayait de se rendre disponible, et on passait quelques heures ensemble pour se satisfaire. Et voilà ce que je regretterai le plus, il était doué, même sacrément doué. 

     

        Je secoue la tête… Je dois arrêter d’y penser. 

      Normalement, je prends le bus pour rentrer, mais là, une bonne marche me permettra sûrement de rassembler mes idées et de chasser l’image de ce salon et de tout ce que j’y avais fait. 

       Il est presque 22h00, mais la foule est encore dense dans la rue. J’ai une petite demi-heure de marche avant d’arriver à ma résidence étudiante. Le bruit de la circulation mêlée aux discussions des groupes de jeunes sortant des bars me ramènent à la réalité.

       L'histoire est terminée, inutile de continuer à ressasser. En arrivant à la chambre, je me persuade qu’une bonne nuit de sommeil balaiera la mauvaise nouvelle. Au réveil, je pourrai repartir sur de bonnes bases. Qui a besoin du cul pour aller bien ? Et puis, je retrouverai facilement quelqu’un pour me soulager. Des propositions, je n’en ai jamais manqué. 

     

       Demain, les cours reprennent. C’est ma dernière année et le diplôme est au bout. La dernière ligne droite avant le monde du travail et la vie d’adulte responsable. Imaginer cette nouvelle indépendance a quelque chose de grisant, pourtant je ne suis pas sûr d’être encore tout à fait prêt à me lancer.

     

     

    2.

     

       Le début de semestre est toujours assez animé dans le campus. La nuée de premières années qui déambule est un spectacle à ne pas rater. Certains, paumés, tiennent dans leur mains crispées leur petite carte, tête basse et n’osant demander leur chemin à personne, d’autres, stressés et visiblement surexcités, alpaguent chaque étudiant qu’ils croisent pour savoir où se trouve leur salle de cours. 

     

       En compagnie de mes deux acolytes de toujours, adossés à l’une des tables de l’espace déjeuner, nous savourons le spectacle.

       Fin est tout le contraire de son nom. Il ne passe jamais inaperçu, parle fort et sa stature de rugbyman lui donne l’avantage de regarder les autres d’une hauteur de tête. Pass, lui, est le rigolo du groupe. Toujours la petite réplique qui fait autant sourire qu’elle peut être piquante. À nous trois, nous formons un trio réputé infernal. Populaire sans vraiment l’être. N’osent s’y frotter que les plus téméraires.

     

      Nos cours ne commencent que l’après-midi et nous avons tout notre temps pour observer l’agitation ambiante. 

       J’avais presque oublié les évènements de la veille jusqu’au moment où je vois, au milieu de la foule, le troupeau qui se dirige tout droit vers nous. Cette vision n'est pas pour me réjouir. Je m’étais demandé combien de temps la nouvelle mettrait à se propager. Apparemment plus rapidement que je ne le pensais. Et en tête de file de la horde des bien pensants, le chef du troupeau, le bien nommé Boss.

       Il n’est pas encore à ma hauteur que je peux déjà l’entendre déblatérer sa morale à deux sous sur le côté malsain des relations uniquement basée sur le sexe et leur avenir voué à l’echec. Et il ne manque pas de commencer son discours par le très attendu…

         - Tu vois, je te l'avais bien dit !

     

       Pendant qu'il me rebat pour la centième fois les oreilles avec "le sexe sans l'amour, c'est mal" et "tu ne devrais pas accepter de t'abaisser à ce genre de pratique", je l'observe. Il faut avouer qu'il en jette. Toujours tiré à quatre épingles avec ses blazers sur mesure, son foulard assorti autour du cou et le visage encadré par les très tendances mèches rideau. Souvent admiré pour la finesse de ses traits, son menton en V et son nez haut, tout chez lui est raffiné, calculé, étudié… 

       Il est sans aucun doute le gendre idéal de bon nombre de parents… Élégant, de bonne famille, bien élevé, bon étudiant et une morale en apparence sans faille. 

       Mais sur ce dernier point, j'ose émettre des doutes. Je l'ai à plusieurs reprises surpris en train de mater mon cul quand je lui tournais le dos. L’avantage des grandes baies vitrées des salles de classe qui permettent de surveiller ses arrières dans leurs reflets.

        Il s’écoute visiblement parler et je me demande à quel point sa morale tiendrait, si je lui proposais un petit coup d'un soir. C'est d'ailleurs très certainement tout ce qu'espère la petite troupe d'admirateurs et d'admiratrices qui lui colle au train. À les voir se pâmer à chaque fois qu'il ouvre la bouche, je les imagine bien ouvrir autre chose, s'il leur demandait. 

         - Tu devrais te respecter davantage et envisager une relation stable et...

        - Tu as des candidats à lui proposer ?

       Pass, sans doute lassé de l’entendre, l'interrompt. Sa question a pour effet de le faire bégayer.

         - Je… Je…

        - Tu voulais peut-être te mettre sur la liste ? 

     

       J’en rajoute une couche, pas question de le laisser se ressaisir trop vite.

         - Oui… Enfin, non… Je voulais juste dire… Si tu…

         - Si je… ?

         - Si tu te mettais en couple, tu pourrais…

         - Je pourrais… 

      Je me rapproche de lui jusqu’à ne laisser qu’une vingtaine de centimètres entre nous. Je le sens légèrement fébrile, mais il ne bouge pas d’un pouce et soutient mon regard. Je fais mine d’arranger le col de sa chemise impeccable puis je laisse glisser doucement un doigt le long de l’échancrure en veillant à passer sous le foulard et effleurer sa peau. Je vois très clairement des frissons et la chair de poule apparaître dans son cou. Une fois atteint le premier bouton fermé, je l’ouvre d’un mouvement rapide.

         - Oups.

     

      D’un air innocent, je lève les yeux vers lui. Je sais parfaitement que derrière ses yeux aux sourcils froncés, la panique commence à poindre… comme d’ailleurs ce qu’il a à l’entre jambe. Je retiens un rire et me rapproche un peu plus. Ma cuisse allant appuyer la dite entre jambe. Il déglutit. 

       J’ai presque pitié de lui. Autant de droiture balayée par une simple caresse. Je frôle sa joue avec mes lèvres et j’arrive à son oreille.

         - Au cas où, les toilettes les plus proches sont à gauche. N’oublie pas de te laver les mains après.

     

    À ces mots, il sort de sa torpeur, me repousse violemment et s’éloigne rapidement en prenant la direction des fameuses toilettes. Le plus cocasse, sans doute, est d’imaginer sa cour l’attendre devant alors qu’il est en train de se branler.

     

    Je croyais être débarrassé des défenseurs des bonnes mœurs, mais il en restait une qui n’avait pas suivi son gourou. 

         - Tu n’as vraiment aucune morale, Narak.

     

    Je me tourne vers mon accusatrice. Petite et très menue, elle n’est pas vraiment de la même trempe que les autres membres du cortège. Je n’ai d’ailleurs jamais vraiment compris pourquoi elle avait rejoint ce groupe.

          - Et tu sais de quoi tu parles, n’est-ce pas ? Ploy.

     

       Je connais cette fille depuis l’enfance. Plus jeunes, nous étions amis, mais ma sortie du placard a mis un coup de canif fatal à notre amitié. Pas qu’elle soit homophobe, je sais qu’elle n’est pas aussi mesquine, mais le fait que je m’affiche sans retenu avec des mecs lui pose un véritable problème. 

       Elle est l’exemple parfait de l’hypocrisie. Il faut cacher ce qui risque de choquer et surtout tout ce qui pourrait de près ou de loin ressembler à un vice. On fait ça à la maison, dans l’obscurité d’une chambre.

     

       En la regardant là, devant moi, les bras croisés et le regard sévère, j’ai envie de lui lancer quelques pics cinglants mais je me retiens. À quoi bon ? 

     

         - Tu devrais rejoindre le troupeau, tu risques de rater son prochain sermon.

         - Très drôle. Si tu crois que je suis dûpe. Mais tu étais obligé de lui faire ça ?

         - Pourquoi je devrais supporter ses conneries ?

         - Tu sais très bien pourquoi il te dit tout ça.

         - Eh bien… Je ne suis pas intéressé. Le genre bien sous tout rapport, ça n’a jamais été mon style.

         - Tu pourrais enfin avoir une relation correcte.

         - Une relation correcte ? Selon qui ? Selon toi ? C'est-à-dire petits bisous discrets et gênés en public et me la faire mettre profond dès que la porte se referme.

         - Narak !

         - Cette discussion ne mène à rien, on le sait tous les deux. Va jouer les moralisatrices ailleurs, s’il te plaît.

     

        L’air outrée, elle s’éloigne sans même dire au revoir. 

     

       Quand je me tourne vers Fin et Pass, ils explosent de rire. Ils ne devaient sûrement plus pouvoir se retenir. 

         - Être ami avec toi est un vrai plaisir, on ne s’ennuie jamais. 

         - Quelle belle marque de soutien, mon cher Pass.

       Et je les rejoins dans leur rire. De toute façon, on ne va pas en pleurer.

     

     

    3.

     

       On a enfin notre première pause après deux mois de cours. Les autres sont rentrés chez eux mais j’ai préféré rester à la résidence. J’ai passé l’après-midi à faire du shopping et à flâner dans les parcs du campus déserté. J’aime cette ambiance. 

     

       Il n’y a qu’une chose qui gâche ces vacances… Je n’ai toujours pas trouvé de plan cul acceptable. Ces derniers mois, je me suis contenté de quelques midinettes qui passaient par là. Sans affirmer que je suis bi, les filles restent parfaites pour l'hygiène. Elles n’en sont pas moins frustrantes. Je commence à croire qu’il est impossible de trouver un mec capable de me faire oublier Dew. J’ai bien eu quelques propositions alléchantes au premier abord, mais à y voir de plus près, j'ai vite décliné chacune d'entre elles.

     

       Quoi qu’il en soit, ce soir, je suis bien décidé à trouver la perle rare. Et le meilleur endroit pour le faire est un bar gay du centre-ville. Le barman est un ami et saura sûrement me conseiller parmi les nouveaux venus.

     

       Comme à chaque fois, le pub est bondé. La musique est forte et les différents groupes éparpillés dans l’espace tamisé papotent joyeusement, offrant à l’ensemble une ambiance conviviale. Je me dirige directement vers le bar, où ,fidèle au poste, P’Tree sert ses cocktails maisons. 

         - Narak. Ça fait un moment qu’on t’a pas vu. Dure cette dernière année ?

         - Prenante, je dirais. Les profs s’en donnent à cœur joie pour nous assommer de devoirs et de rapports.

         - Dis-toi que la récompense est au bout.

         - Je me le répète tous les jours.

         - Tu prendras quoi ?

         - Si tu avais un beau mec bien fait et plutôt doué pour la baise, je dirais pas non.

     

       Il s’arrête de secouer son shaker pour me regarder quelques secondes, étonné.

         - Et Dew ?

         - Terminé. Il a trouvé l’amour !

         - Ah merde ! Ça se passait bien entre vous pourtant.

         - C’est peu de le dire, mais j’ai tourné la page. 

         - Bah, il y a plein de poissons dans l’océan.

         - Si tu as l’intention de me sortir d’autres expressions à la con, tu as intérêt de me servir un bon cocktail.

         - J’ai une nouvelle création. Tu veux goûter ?

         - Vas-y, envoie.

     

       Pendant qu’il disparaît à l’autre bout du bar pour me préparer son breuvage, je fais pivoter mon tabouret pour regarder la salle et les nouvelles têtes. Mais rien de transcendant. Rien qui attire véritablement mon regard. Quelques visages connus me font signe de la main mais je n’ai pas très envie de plat réchauffé. Je veux du neuf, de l’inattendu, du grisant…

     

         - Monsieur est servi.

         - Encore un chef d’œuvre !

     

       Dans un verre évasé, plusieurs couches d’alcool de couleur se superposent. Une cerise piqué dans le petit palmier d’usage orne le tout. Et une tranche… 

       Planté à la place de la tranche de citron, un petit carton. Dessus, un prénom et un numéro de téléphone.

     

         - Si tu cherches de la nouveauté, peut-être que tu devrais appeler ce numéro.

         - Yang, c’est qui ce gars ? 

         - Quelqu’un qui pourrait t'intéresser.

         - Tu ne m’envoies  pas dans un plan foireux ?

         - Est-ce que je t’ai déjà fait ça ?

     

       Je plisse les yeux en scrutant le moindre signe de moquerie sur son visage, rien. 

         - S'il ne te plaît pas, tu pourras toujours faire marche arrière.

     

       Mais est-ce que je suis assez désespéré pour appeler un type que je ne n’ai jamais vu pour une soirée de baise ? 

     

       Tout en sirotant mon cocktail, très bon d’ailleurs, je continue à fixer ce nom et le numéro affiché en dessous. Je mets plusieurs minutes à remarquer, dans le coin à droite, l’adresse d’un site. Je prends mon téléphone pour voir ce que c’est. Aussitôt, un message s’affiche m’alertant sur le caractère explicite des images que je vais y trouver et me demandant de confirmer mon âge. Puis si je voulais bien continuer. Curieux, j’ouvre la page d’accueil. Plusieurs images d’hommes à poils en pleine action apparaissent. Par réflexe, j’éloigne le téléphone et cache l’écran.

       Je regarde vers P’Tree, l’air interrogateur. Il me fait le geste du téléphone à l’oreille comme pour m’encourager à appeler. Il est vraiment sérieux ?

     

       Le soir même, une fois seul dans mon appartement, je retourne sur le site. Il propose à la vente des sextapes semi-pro où les participants sont masqués. Ça ressemble beaucoup au célèbre coréen mais version Thaï. 

      Pour attirer les acheteurs, quelques extraits sont proposés. Je lance le premier. Aussitôt, des gémissements retentissent. Je me dépêche de baisser le son. Même si je ne me suis jamais trop soucié de l’avis des autres, les murs de la résidence sont en carton pâte et je ne veux pas réveiller l’étage avec des “ Vas-y, P’... Plus vite “. Mais je dois avouer que pour moi qui suis à la diète depuis quelque temps, ces vidéos ont le don de me stimuler. 

     

       À quoi je m’engagerais, si je l’appelais ? Parce qu’entre regarder ces vidéos et en tourner une, il y a un monde. Un monde que je ne suis pas du tout sûr de vouloir traverser.

     

       Deux jours ont passé et j’ai l’impression que ce bout de carton me brûle les doigts. L’idée tourne et retourne dans ma tête. Plusieurs fois, j’ai composé le numéro avant de l’effacer. Si je le rencontre juste une fois pour discuter, ça ne m’oblige à rien. Si ?

     

         - Allô ?

         - Bonjour P’Yang. J’appelle de la part de P’Tree. Je… Enfin… Il a dit que peut-être…

       Plus j’essaie de parler, plus les mots m’échappent et je suis sur le point de raccrocher quand…

         - Tu veux qu’on se rencontre ?

         - Oui.

         - Je t’envoie l’adresse. Je suis chez moi tout l’après-midi, viens quand tu veux.

         - D’accord, merci.

         - À plus.

       Et il raccroche. 

     

       Qu’est-ce qui vient de se passer ? J’ai vraiment appelé ?

     

       Deux minutes après, je reçois un message avec une adresse dans le quartier d’Onnut. Il est 13h30. 

      Je tourne en rond dans mon appartement. On va juste discuter de toute façon. Je prends quand même une douche, juste pour être à l’aise. On essaie de se rassurer comme on peut. Devant mon placard, je me sens presque comme un adolescent qui part pour son premier rendez-vous. J’ai l’impression de tourner cinglé. Je suis sur le point de tout annuler en lui envoyant un message mais je me ravise. Je ne vais pas me dégonfler. 

     

       En rejoignant l’arrêt de bus en bas de la résidence, j’essaie de me convaincre que je ne suis pas en train de faire une énorme connerie.

     

     

    4.

     

       Je n’avais jamais réalisé qu’il y avait autant d’arrêts sur cette ligne. À chaque fois que le bus ralentit, je me retiens de me lever et de m’enfuir. Moi qui suis d’habitude si confiant, je n’en mène pas large. 

     

       Tout le long du trajet, qui semble durer un siècle, les images du site me reviennent. Impossible de les chasser de mon esprit. 

       Le gars est pas mal du tout… Même si on ne peut pas voir son visage. Il a un corps sacrément bien fait. Musclé, il ne semble avoir aucun mal à porter ses partenaires. Les abdos sont parfaitement dessinés avec une très légère cicatrice près de son nombril. En la remarquant, j'ai ressenti une irrépressible envie de la parcourir du bout des doigts. J'ai même avancé ma main vers l'écran de mon laptop pour suivre les courbes de son anatomie. J'ai peut-être même essuyé un léger filet de bave. 

       Et s'il n'y a rien à redire à ses formes, il n'y a pas plus à se plaindre de son manche. Je me suis même surpris à passer certaines vidéos plusieurs fois pour l'admirer. En même temps, c'est logique, ça la mettrait mal de filmer des sextapes muni d’un asticot. 

       Et ce qui ne gâche rien, c’est qu’au-delà du physique, il a l'air attentionné avec ses partenaires. Sans aucune brutalité et très à l’écoute des désirs de l’autre. 

     

       Et voilà que mon imagination vagabonde… En fait, ça fait deux jours qu’elle vagabonde et que je ne la contrôle plus. Est-ce que ça vient du manque ou je dois juste m’avouer que l’idée de me retrouver à la place de ces gars m’excite vraiment ? 

       Discuter… Je vais juste discuter avec lui…

     

       Encore une trentaine de mètres et je serais devant sa porte. Je fais des pas de plus en plus petits… Je m’arrête même deux fois comme si j’étais à bout de souffle… Tiraillé entre des émotions contradictoires. 

      Oui, j’aime bousculer les normes. J’aime choquer et casser les codes. J’aime cette sensation de rébellion qui vient troubler le calme apparent des petites vies bien rangées. Je ressens une satisfaction presque jouissive de voir l’engeance des “je-sais-tout” s’offusquer de mes frasques. 

       Oui, j’aime ça… Mais là, est-ce que je ne vais pas un peu loin ? Qu’est-ce que j’essaie de prouver exactement ? Qui est-ce que je cherche à convaincre ? Les autres ? Moi ?

     

       La maison est jumelée et plutôt modeste. L’extérieur est bien entretenu. Je suis figé devant la porte, à la fois incapable d’appuyer sur la sonnette ou de faire demi-tour, comme ankylosé par mon hésitation. Combien de temps je vais rester là, comme ça ? Je ne vais quand même pas passer la nuit sur son perron ?

       Il faut que je me ressaisisse… Que je retrouve mon assurance. Je sonne ou je me barre, mais je dois me décider. 

     

      Avant que je finisse de tergiverser, la porte s’ouvre. Les options viennent de se réduire, plus possible de jouer les filles de l’air. Il me reste à affronter la situation, je suis arrivé jusque là, je n’ai plus qu’à suivre le mouvement.

     

       Je suis étonné qu’il m’accueille à visage découvert et ça doit se voir sur ma tête.

         - Tu t’attendais à ce que j’ouvre la porte à poil avec mon masque ?

         - Non, bien sûr que non.

         - Tant mieux. Vas-y entre. 

     

       Euh, bonjour quand même, non ? 

       Il ne m'a jeté qu'un rapide coup d'œil avant de faire demi-tour et de s'enfoncer dans le couloir vers l'intérieur de la maison. Je n'ai toujours pas bien vu son visage, mais à voir son dos, il a la même carrure que sur les vidéos. C'est lui, sans aucun doute.

     

       Je le suis vers la cuisine. L’intérieur est comme l’extérieur, propre, rangé sans fioritures. Des murs légèrement beiges où sont accrochés quelques tableaux abstraits. Dans le salon, le stricte minimum. Un canapé, un fauteuil, la télé et une petite table basse sur laquelle traîne négligemment un magazine. 

     

         - Tu peux t’asseoir au bar, je dois répondre à un mail. 

         - Oui, d’accord.

     

       Je m’installe sur le tabouret haut, derrière un petit bar séparant la cuisine du salon. Il se place en face de moi, le nez plongé dans son téléphone. En le regardant de cet angle, je ne peux que deviner le dessin de ses traits. La coupe est courte et les cheveux noir de jais. Je vois dépasser de longs cils et un bout du nez légèrement épaté sans pour autant être écrasé. J’essaie, en baissant discrètement la tête, d’apercevoir sa bouche, mais je dois me résigner et attendre qu'il daigne enfin lever les yeux vers moi.

     

       Sans même esquisser un mouvement, l’assurance et le charisme qu’il dégage fait de moi un petit joueur en la matière. Vêtu d’un simple jeans et d'un t-shirt bleu clair vaguement collé au corps, juste assez pour faire deviner les formes de ses abdos, les deux coudes appuyés sur le bar, il tapote l’écran devant lui. Ce manège commence à durer et je me sens de plus en plus mal à l’aise…

    Mais qu’est-ce que je fous là ?

     

       Il ne m’a pas encore prêté la moindre attention. Qu’est-ce que j’espérais exactement ? Qu’il ouvre la porte, tombe sous mon charme, et me prenne sauvagement sur la petite console de son entrée ? Je dois sourire… Si je suis totalement honnête, c’est tout à fait ce que j’espérais.

       J’ai toujours adoré fantasmer sur ce genre de situations… Mais là, le moins qu’on puisse dire, c’est que je suis refroidi. J’attends depuis presque 10 minutes et ma jambe droite commence à s'agiter, signe de ma nervosité et de mon impatience. 

       Il écrit un roman ou quoi ?

     

         - Nerveux ?

    Il pose la question sans même lever le nez. 

         - Pardon ?

    Il répète.

         - Nerveux ?

         - Un peu.

    Pas la peine de nier l’évidence.

         - Un verre ?

    Je m’interroge sur sa capacité à construire des phrases complètes.

         - Oui, je veux bien.

         - Alcool ou soft ?

         - Un peu de fort pourra peut-être aider.

         - Aider ?

     

       Enfin, il redresse la tête et son regard vient s’ancrer directement au mien. Un frisson me parcourt aussitôt. J’ai l’impression qu’il me transperce, venant lire jusqu’aux tréfonds de mon âme. Mais il n’y a pas que de la curiosité dans ce regard… Et je le ressens clairement malgré mon stress… Il y a du désir et de l’excitation, comme une petite lueur lubrique qui vient donner une teinte étrange à ses yeux sombres. Il n’en faut pas plus pour réveiller la chaleur au niveau de mon entre-jambe. 

     

       Sans me lâcher du regard, il pose enfin son foutu téléphone et contourne le bar avec un calme calculé. Je maintiens le contact visuel, hors de question que je perde à ce jeu là. 

       Il n’a que quelques pas à faire, mais par son attitude, il instaure le rythme et sa domination. Je ne suis pas dupe de ce qu’il essaie de faire, mais je sais que je ne pourrai pas résister. Les battements de mon cœur augmentent à chacun de ses mouvements vers moi et je ne contrôle déjà plus grand chose de mon corps. Les images du site, mon imagination, les fantasmes… tout se mélange et je n’ai plus qu’une envie… Qu’il me touche, me caresse, m’embrasse et me prenne, là, sur ce bar.

     

       Il attrape mon menton d’une main et glisse son pouce sur mes lèvres. 

    - Tu le sais, n’est-ce pas, que tu es incroyablement sexy ?

        Je n’ai pas le temps de répondre, il rapproche son visage et remplace son pouce par sa langue. Humide et chaude, elle suit les contours de mes lèvres. Ma résistance est déjà anéantie et j’entrouvre la bouche. Il ne se fait pas prier et introduit sa langue pour venir chercher la mienne. Il n’y a aucune brusquerie, chacun de ses gestes est calme et posé, donnant cette impression qu’il maîtrise absolument tout de la situation.

     

       Je baisse entièrement ma garde et m’abandonne à ses mains qui déboutonnent déjà ma chemise. Sa bouche quitte alors la mienne et court dans mon cou, laissant des marques de son passage. Il fait glisser ma chemise à terre et je sens ses doigts venir frôler ma peau, puis ses paumes appuient légèrement au niveau de mes reins pour avancer un peu mes fesses sur le bord du tabouret. 

       D’un bras, collé le long de mon dos, il me soutient et me bascule légèrement vers l’arrière, lui laissant le champ libre pour embrasser mon torse et mes tétons pointés. Passant de l’un à l’autre, il les mordille et les suce… Je gémis et me tortille dès qu’il essaie de s’en éloigner. Je peux presque sentir contre ma peau le sourire de satisfaction qu’il a, de me voir aussi réactif à ses baisers. Mais je m’en fous. Qu’il sourit autant qu’il veut tant qu’il continue. 

     

       Il finit par les abandonner pour descendre et embrasser mon ventre. Sa langue dessinant un trait humide jusqu’à la ceinture de mon jeans. De sa main libre, il arrive à ouvrir le bouton et la fermeture éclair, puis il libère mon sexe en baissant l’élastique de mon caleçon. Le contact de ses doigts entourant mon érection me fait frissonner et quand le bout de sa langue vient chatouiller la fente de mon gland, je m’agrippe au bord du tabouret pour me cambrer vers sa bouche. 

       Je ne contrôle plus rien. Ni les petits gémissements qui m’échappent, ni le va et vient de mes hanches pour suivre le mouvement de sa main descendant et remontant le long de ma hampe. Sa bouche suit le même chemin. Il varie la vitesse de succion, revenant vers le gland, l’embrassant, passant parfois son pouce dessus avant de tout reprendre dans sa bouche. 

     

       Ce n’est pas la première fois que je me fais sucer, loin de là, mais c’est la première fois que les sensations et l’excitation sont si fortes. Pour profiter de chaque contact et ressentir chaque coup de langue, je ferme les yeux et rejette la tête vers l’arrière. J’ignore combien de temps je peux encore tenir à ce rythme mais je ne veux pas en perdre une miette. 

     

       Je le sens tirer un peu plus sur le jeans pour que sa main puisse atteindre mes boules. Il sait exactement où appuyer pour augmenter le désir et  presque me faire perdre la tête. Encore un peu et son majeur glisse entre mes fesses pour venir presser sur mon entrée. J’ai envie de plus. C’est un mélange de frustration et de plaisir. J’ai envie qu’il l’insère entièrement, mais il chatouille à peine les bords, revient vers l’avant, caresse le dessous, resserre ses doigts autour de mon sexe puis repars vers mon cul. Il est foutrement habile, chacun de ses gestes venant compléter le précédent.

     

       Au fur et à mesure, il accélère. Sa succion est plus forte. Les jointures de mes doigts doivent être blanches, vu la façon dont je m’accroche pour compenser le tremblement de mes jambes. Je ne tiens plus… Je ne peux plus… Je ne sais plus ce qu’il fait mais ce dont je suis sûr, c’est que je vais… Avant même de pouvoir le penser, je jouis dans sa bouche. 

     

       Je suis à moitié nu, le jeans descendu sur mes genoux, le sexe sorti de son fourreau, assis là, sur ce tabouret, dans un salon que je ne connais pas, devant un homme que je n’ai jamais vu avant, le visage en sueur, le cou marqué de suçons et les tétons rougis de morsures. Si j’y réfléchis, le tableau n’est pas très flatteur… Ma respiration est encore rapide et j’essaie de reprendre mes esprits. Pourtant, je me sens particulièrement bien. 

     

         - Détendu maintenant ?

    Son sourire satisfait montre à quel point il sait qu’il est doué. Mais je n’ai pas encore eu mon mot à dire et je n’ai pas l’habitude de rester muet.

         - Pas tout à fait…

     

    Je me redresse et termine de retirer mes vêtements. Je suis nu devant lui alors qu'il est encore entièrement habillé. Il me regarde et je sais très exactement l’effet que je suis en train de lui faire. 

         - L’après-midi ne fait que commencer.

     

     

    INTERLUDE

     

     


       Dès que je l’ai vu à travers l'œilleton de la porte, alors qu’il hésitait à sonner, j’ai su que j’allais avoir du mal à me contenir. Déjà que j’ai craqué en le goûtant, maintenant il me provoque, nu comme un ver, devant moi. Je sens que les choses risquent de très vite se compliquer. 


       Ce gamin est d’une sensualité inimaginable. Sur son front, sa frange qui forme un cœur aux reflets châtains, laisse voir ses yeux légèrement en amande qu’il plisse adorablement, ajoutant à son pouvoir de séduction. Juste en dessous d’un nez fin et un peu retroussé au bout, ses lèvres rouges et gonflées par nos premiers baisers ne cessent de m’appeler. Mais je tiens bon.

       J’attrape mon verre pour me rincer la bouche et j’attends qu’il s’approche. Je me prépare au duel. Il va être serré, très serré…


       Il sait très bien l’effet qu’il fait et il en joue. Il me laisse tout le loisir d’admirer son corps. Je le soupçonne d’entretenir ses muscles avec quelques séances de sport par semaine. Sans être trop marqués, les dessins qu’ils font sur son ventre me donnent l’envie presque incontrôlable de les suivre avec la langue.

       Et pourtant, tout l’enjeu est là, le contrôle. Le contrôle de la situation, de mes émotions, de mon propre corps. Même si la bosse dans mon jeans ne laisse aucun doute sur ce que je ressens, il est hors de question qu’il prenne les rênes. 


       Il fait enfin le pas qui nous sépare. Je retiens l’envie de déglutir. Faut que je me ressaisisse. Surtout qu’il est déjà en train de passer une main sous mon t-shirt et je sens sa paume chaude glisser sur mes abdos.

      Il est à peine plus petit que moi, quelques centimètres seulement, mais ça me laisse l’occasion de voir, derrière lui, son reflet dans un miroir psyché. Mon regard descend le long de son dos en V, englobe la cambrure de ses reins et arrive irrémédiablement à son cul. Je vais faire comment pour résister après avoir vu ça ? 

     

       Si je pouvais, j’irais me mettre la tête sous le robinet d’eau froide mais il est déjà trop tard, je sens son souffle à mon oreille et sa langue venir happer mon lobe pour le suçoter. Sa main continue son chemin vers ma poitrine et effleure mes tétons. Sa cuisse est collée à mon entre-jambe et bouge savamment et lentement de haut en bas. Ma concentration est littéralement mise à rude épreuve et j'ai tout le mal du monde à rester lucide.


      Pour l’instant, j’évite de le toucher, il m’a déjà fallu une volonté de fer pour m’éloigner de lui tout à l’heure. Je dois me rappeler mon but, ce que je veux de lui… Si je ne la joue pas fine, je risque de tout faire foirer. Je dois reprendre la main, et vite ! 


       Alors que sa bouche lâche mon oreille pour venir attraper ma lèvre inférieure, et en aspirer une petite partie qu’il chatouille du bout de la langue, je passe ma main derrière sa nuque et glisse mes doigts entre ses cheveux. J’utilise la seconde pour saisir son cul et lui imprimer un mouvement vif pour le coller à moi. Grâce à ça, je neutralise l’effet des mouvements de sa cuisse sur mon sexe et sa main qui caresse mon torse est bloquée entre nous. 

       Je respire un peu. J’avoue que j’étais sur le point de céder. Il faut absolument que je chasse de mon esprit cette image où je le retourne pour le pénétrer sauvagement… Et une chose est sûre, à cet instant, c’est aussi difficile que d’arrêter de bander.

     

       J'agrippe ses cheveux et l’oblige à reculer son visage du mien. Il a les yeux fermés et sa bouche garde la forme de son baiser. Comment pourrait-il être plus sexy ? Je n'ai pas à attendre pour connaître la réponse. Il ouvre les paupières avec une lenteur calculée. Son regard vient accrocher le mien. Le désir brûle derrière ses pupilles. Je suis à la limite de devenir fou… 

       Je fonds sur ses lèvres et force l’entrée pour y fourrer ma langue. Je resserre mon étreinte et le tiens encore plus pressé contre moi. Je crispe mes doigts sur la peau douce et lisse de ses fesses. Il dégage son bras qui était resté entre nous. Aussitôt, je sens la chaleur de son ventre sur le mien. Il passe ses deux mains dans mon dos et ses ongles viennent griffer mes omoplates et descendent vers ma taille. Ce que je veux de lui… Ce que je veux de lui… Je dois arrêter ça… Maintenant !

       J’imprime une rotation à son corps et colle son cul sur mon érection. Il se tortille aussitôt pour me stimuler davantage. J’attrape son cou et son menton pour l’obliger à regarder son reflet dans le miroir. 

      À son image, il sourit lascivement. Puis il monte ses bras pour entourer ma nuque, pose sa tête sur mon épaule et enfouit son nez dans mon cou. Je le sens tirer sur ma peau. Il me fait un suçon, ce petit con ! 

     

       Mais comment lâcher ce corps, d’une quasi perfection, qu’il a abandonné dans mes bras. Je profite encore un peu de la situation en le caressant. Passant avec délice sur ses formes sculptées. Regardant les frissons qu’il ne manque pas d’avoir selon les parties du corps que j’explore de mes doigts.

       J’insiste un peu le long de ses côtes, sans le chatouiller mais en le gardant comme sous tension. Il gémit près de mon oreille et c’est d’un érotisme presque insoutenable.

       Mais quoi que j’ai envie de faire maintenant. Même si mon désir est poussé dans ses derniers retranchements, je vais devoir me faire violence et dire cette fameuse phrase. Et je sais pertinemment l’effet qu’elle aura.

         - La caméra va t’adorer.

       Je l’ai murmurée, mais à sa façon de se raidir, il a très bien entendu. Pourtant il ne réagit pas aussi brutalement que je m’y attendais. Son corps se détend presque aussitôt. Il redescend ses bras le long de son corps et arrête les frottements sur mon jeans. Il s’éloigne un peu de moi et se retourne pour me faire face. Puis replace ses bras autour de mon cou tout en gardant une distance de sécurité. Je peux deviner un peu de panique chez lui mais il sait parfaitement se contrôler. Je dois avouer qu’il m’impressionne encore une fois. 

       Je tente de le rapprocher de moi en l’attirant par la taille mais il résiste.

         - Attends un peu, s’il te plaît. Au point où on en est, je pense qu’on devrait discuter.

       Quand il dit ça, je fais semblant d’être étonné en soulevant un sourcil interrogateur. 

         - Discuter de quoi ?

         - De cette histoire de vidéo.

         - Tu n’es pas venu pour ça ?

       J’ai su, quand je l’ai vu hésiter sur mon perron, qu’il n’était pas prêt, et ce n’est pas notre petit jeu de séduction qui pouvait effacer toutes ses réticences. Mais je ne vais pas lui dévoiler toutes mes stratégies.

         - En fait, je pensais qu’on en parlerait d’abord. Je n’ai jamais fait ça avant alors j’ai besoin de connaître un peu les détails. Et j’aimerais pouvoir y réfléchir encore. 

       

       Il enlace toujours mon cou et son visage continue à me sourire. Il y a donc de l’espoir. Il ne s’est pas enfui, ne m’a pas giflé et attend visiblement quelque chose.

       Il est absolument adorable. S’il y a une minute, j’aurais facilement pu craquer pour son corps, maintenant, j’ai du mal à me retenir devant son minois innocent. Ce mec est un ovni.

       Je dois vraiment faire attention à ne pas céder à sa volonté. Ce que l’on veut tous les deux est en fin de compte très proche, mais à une nuance près… La présence ou non de caméras. Et cette nuance risque d’être particulièrement difficile à négocier. 

         - Tu as des questions ? Vas-y, demande.

         - On pourrait peut-être d’abord faire ça sans filmer ? Juste pour voir si entre nous ça colle.

       Nous y voilà, les négociations commencent.

         - Tu as encore des doutes sur notre compatibilité ?

       Pour ajouter du crédit à ma réplique, je me baisse et attrape un de ses tétons avec les lèvres et l’aspire. Il pousse un petit cri de surprise. Mais ne me repousse pas pour autant. Je le libère et replonge mon regard dans le sien.

         - Tu aimes, non ?

         - Tu sais bien que oui. Mais je ne sais pas si je pourrais le faire devant des caméras.

       Mes mains glissent de sa taille à ses fesses et les tripotent négligemment pendant qu’il me fixe, attendant que je dise quelque chose. Je sais qu'il sera bientôt parti et je veux encore savourer son contact.

       Je me retiens de ne pas le soulever pour aller le jeter sur le canapé. La question est toujours en suspend et j’ai très envie de lui dire qu’on se fout des caméras et que je vais le baiser jusqu’au petit matin ou tout ce qu’il veut d’autre… 

       

       Putain, je perds la tête…

       Pendant ce temps, il m'échappe petit à petit. Il arrive à se dégager de mon étreinte pour attraper son caleçon et sa chemise. Il les enfile avec une rapidité incroyable. Et comme si ça ne suffisait pas, habillé comme ça, il est encore plus sexy.

         - Tu t’en vas ?

       Il lève un regard intense sur moi où le désir peut encore se lire. J’ai envie que les traits sublimes de son visage d’ange soient déformés par le plaisir. Et je veux capturer cette image. Et pour faire ça, je vais devoir me montrer très malin… Plus malin que lui… Et j’ai bien l’impression que ça ne va pas être du gâteau.

       Maintenant entièrement rhabillé, il ferme les derniers boutons de sa chemise et claque un petit bisou sur ma joue. 

         - J’y réfléchis et je te rappelle.

       Puis il se dirige vers la sortie dans un calme olympien. Je le regarde s’éloigner. Même si la première manche se conclut par un match nul, la partie est loin d’être terminée.

     

     


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